Police de la route

 

 

La Gendarmerie au service du public

 

LE « P.C. AVANCE DE L’OBELISQUE » A FONTAINEBLEAU

 

Par le Capitaine BOUTEILLER (Revue de la Gendarmerie, 2eme trimestre 1961 )

 

 

L’ « Obélisque » de Fontainebleau, site historique et touristique, n’est pas seulement le monument que les habitants de la ville firent élever en 1786 en l’honneur de Marie-Antoinette et de ses enfants, mais le point de rencontre des routes à grande circulation n° 5 et 7 et de la route nationale 51. C’est vers cet immense carrefour, agrandi dès 1805, que convergent les grands courants de circulation touristique et économique entre Paris et la Côte d’azur, Paris, l’est de la France et la Suisse, la Belgique et les châteaux de la Loire. Depuis la mise en service du premier tronçon de l’autoroute du sud, ce carrefour est devenu le point de passage obligé de tous les usagers qui empruntent cette nouvelle voie, dont la R.N. 7 est le prolongement normal jusqu’en ce point crucial.

 

Jusqu’à Pâques 1960, la circulation dans ce secteur avait déjà subi un accroissement constant de son intensité et de sérieux problèmes s’étaient posés à la Gendarmerie pour assurer l’écoulement du trafic. Chacun, dans son secteur, les avaient réglés à sa manière en fonction de ses moyens.

 

A cette époque, et avant que l’autoroute du sud soit mise en service, il fut décidé d’adopter en Seine-et-Marne une formule nouvelle en confiant à chaque commandant de compagnie la direction et la responsabilité de la circulation sur la totalité d’un ou de plusieurs grands axes. Étant donné la disposition des lieux, le commandant de compagnie de Fontainebleau se vit confier l’ensemble de la R.N. 7 dans sa traversée de la Seine-et-Marne, et de la R.N. 5 de l’Obélisque à la sortie est du département. Cet officier allait donc avoir à faire face au trafic débouchant de l’autoroute et se dirigeant vers le sud ou l’est de la France.

 

Le préfet du département trouva cette formule heureuse et l’approuva. Il est de fait qu’elle devait permettre une unité de commandement sur la route quand l’intensité de la circulation allait augmenter en raison des facilités nouvelles que créait l’autoroute.

 

Pour réussir, il fallait, comme toujours, être renseigné de façon à pouvoir à tout moment agir de manière efficace. Or, en Seine-et-Marne, deux brigades de Gendarmerie existent sur la R.N. 7 : PONTHIERRY et NEMOURS, espacées de 38 km. Pour le courant de circulation empruntant la R.N. 7, puis la R.N. 5, la situation est plus délicate puisque après PONTHIERRY l’usager ne retrouve une brigade sur la route qu’à PONT-sur-YONNE, dans l’Yonne, soit 65 kilomètres plus loin.

 

Il importait donc d’implanter sur l’axe même, à l’endroit le plus judicieux, un élément de Gendarmerie qui serait une véritable antenne permanente. Le commandant de compagnie de Fontainebleau proposa de le placer au point névralgique que constitue le carrefour de l’Obélisque et d’installer en ce lieux un « P.C. avancé » susceptible de renseigner, mais aussi prêt à répondre à tout appel dans le domaine du secours, du dépannage ou du renseignement en faveur de l’usager.

 

Mais les moyens organiques de la compagnie étaient insuffisants pour permettre d’étoffer un P.C. susceptible de remplir totalement cette mission. (ou bien alors il devenait nécessaire de tout sacrifier à la police de la route, ce qui était évidemment impensable.) Le commandement régional de la 1ere région, mis au courant du problème et de la solution envisagée, donna son accord à la création de ce dispositif et accepta de fournir quotidiennement au commandant de secteur des éléments motos, portés et radio en fonction des besoins déterminés par l’intensité de la circulation.

 

L’organisation définitive de ce secteur, connu en Seine-et-Marne sous le nom de « secteur V », pris un certain temps car il fallut réunir divers moyens matériels. Toutefois, sa surveillance fonctionna dès la mise en service de l’autoroute.

 

Le P.C. fut donc installé à l’Obélisque dans une remorque de commandement. Un gendarme y assure la permanence, par un système de relève, de 7 heures à 22 heures du lundi au jeudi, et pendant 24 heures les vendredi, samedi, dimanche, veille et jours de fête.

 

L’accès du P.C. est autorisé aux usagers de la route comme à toute personne désireuse d’obtenir un renseignement. Une documentation complète sur toute la région a été réunie et est mise à la disposition du gendarme de permanence qui peut satisfaire à toute demande concernant aussi bien les itinéraires que le tourisme, le camping, le secours, le dépannage, etc… Des plans de la forêt et des dépliants touristiques sont fournis par les syndicats d’initiative pour  être remis aux intéressés après que ces derniers aient été éventuellement renseignés (tracé d’itinéraire) par le gendarme.

 

Dans un premier temps, et en attendant l’installation d’une borne téléphonique à côté du P.C. grâce au concours du Secours routier, le déclenchement de l’alerte et du secours fut obtenu par l’intermédiaire d’une liaison radio établie entre le P.C. et la compagnie (ou la brigade de Fontainebleau) de 7 à 21 heures, au delà de ces heures par un motocycliste de réserve.

 

Afin de permettre au commandant de secteur de connaître et de suivre les variations des courants de circulation, un réseau fixe et mobile fut organisé autour de ce P.C. en utilisant l’ossature du réseau radio compagnie-brigades. Une fréquence spéciale fut affectée au trafic police de la route autorisant la liaison entre, d’une part, la P.C., la compagnie et les brigades installées le long de la R.N. 7 (PONTHIERRY, NEMOURS, SOUPPES) et de la R.N. 5 (MORET, MONTEREAU), d’autres part, les V.L. radio circulant sur le secteur et les postes du réseau fixe.

 

Le P.C. reçu également un poste S.C.R. 608 permettant d’assurer la liaison air-sol avec l’hélicoptère. La retransmission des renseignements fournis par l’hélicoptère est faite par le réseau terre en attendant que la liaison directe air-sol soit réalisée avec les brigades de PONTHIERRY, NEMOURS et MONTEREAU.

 

Afin de faciliter le commandement, mais aussi la répartition et l’exploitation des moyens au mieux des besoins (compte tenu des caractéristiques de la circulation et de son intensité), le secteur fut divisé en trois sous-secteurs :

 

--- sous-secteur A (R.N. 7) : Autoroute - Obélisque, car bien que l’autoroute débouche en Seine-et-Oise à 200 m. de la limite du département, la compétence du commandant du secteur V fut étendue jusqu’au point de rencontre de l’autoroute et de la R.N. 7 ;

--- sous-secteur B (R.N. 7) : Obélisque - limite sud du département ;

--- sous-secteur C (R.N. 5) : Obélisque - limite est du département.

Les besoins de chaque sous-secteur furent déterminés en fonction des renseignements obtenus en 1959 et de l’étude de l’augmentation de la circulation notée dès l’ouverture de l’autoroute.

 

D’un autre côté, les moyens organiques des unités du secteur vinrent renforcer ceux que fournit le C.R.G. 1 (motocyclistes, V.L. radio, V.L. secours routier, éléments à pied).

 

Afin que le P.C. dispose à tout instant d’un moyen rapide d’intervention destiné à régler, ès l’alerte donnée, un incident quelconque ou prêter main forte au personnel d’une brigade en service sur l’une des routes du secteur, une patrouille motocycliste de réserve fut affectée au P.C. La surveillance est constante et l’effectif mobile jamais inférieur à une patrouille par sous-secteur de jour, et deux patrouilles pour l’ensemble en période de nuit.

 

L’expérience, puisque dans un premier temps il s’agissait de faire l’expérience du système, débuta le 13 août 1960 et se termina le 30 septembre 1960. Les résultats répondirent aux espoirs qui avaient présidés à la conception du projet, et justifièrent les moyens mis en œuvres pour les atteindre.

 

Les usagers de la route qui usèrent et profitèrent des facilités mises à leur disposition se déclarèrent satisfaits d’avoir trouvé, au moment propice, de jour comme de nuit, le renseignement ou le secours dont ils avaient besoins.

 

Il semble que l’efficacité et la valeur du système ne puissent être mis en doute. La Seine-et-Marne fut, en effet, en 1960, le seul département où les retours du 15 août et de la fin du mois d’août s’effectuèrent sans accident mortel, quoique le secteur V ait été l’une des zones où la circulation fut la plus dense.

 

Ce résultat n’est pas occasionnel puisque les statistiques révèlent que, dans ce même secteur, à une augmentation de circulation de plus de 30%, a correspondu une diminution du nombre des accidents corporels de l’ordre de 20%.

 

Dans le domaine du secours et du renseignement, l’expérience s’est également révèlée intéressante puisque, au cours de cette période de 49 jours, le P.C. de l’Obélisque a fourni à lui seul :

 

--- 1676 renseignements d’itinéraires (dont 375 à des étrangers) ;

--- 303 renseignements touristiques (dont 156 à des étrangers).

 

D’autre part, il a procédé à :

 

--- 96 dépannages divers (dont 21 au bénéfice d’étrangers) ;

--- 5 alertes pour accident ;

--- 1 alerte pour véhicule abandonné ;

--- 1 recherche de papiers d’identité perdus sur l’autoroute ;

--- 2 recherches d’enfants égarés en forêt (dont 1 étranger) ;

--- 1 recherche d’usager non parvenu à un rendez-vous sur la route ;

--- 1 alerte pour vol (dont les auteurs, enfuis en forêt, furent arrêtés grâce à la rapidité de mise en œuvre des moyens nécessaires).

 

Bien que la permanence n’ait fonctionnée de nuit que 3 fois par semaine, 11,70 % des renseignements furent fournis entre 21 heures et 7 heures.

 

Devant les résultats obtenus, le commandant de compagnie demanda la prolongation de ce service en période d’hiver. Le général commandant régional ayant donné son accord et accepté de maintenir la fourniture de moyens supplémentaires, un nouveau tableau de service fut établi, qui tint compte de la diminution de la circulation à cette saison de l’année. Toutefois, le trafic routier reste relativement important dans ce secteur, en particulier lors des week-end, quand les Parisiens partent vers la campagne ou la forêt faire provision d’air pur. Le nouveau service actuellement en place répond bien aux nécessités de la circulation et donne entière satisfaction dans la résolution des problèmes de régulation et de surveillance.

 

Son but n’est pas d’augmenter les possibilités de répression mais bien l’efficacité de l’action des éléments des missions de police de la route, au seul bénéfice des usagers dont ils assurent ainsi une meilleure protection.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici le message de Jean Lannes. En retraite, il s'est fixé à Saint Vincent de Tyrosse dans les Landes.

 

 

"""""J'ai vu sur ton site l'article concernant le Cne BOUTEILLER. Je l'ai bien connu à Fontainebleau où il exerçait les fonctions de Cdt de Cie. Sacré personnage qui s'est beaucoup investi dans la sécurité routière. Comme tu le soulignes le carrefour de l'Obélisque a de tout temps été un point clé de la circulation dans la région.

J'ai retrouvé une photo prise en 1964..! où on voit la fameuse roulotte P.C. Gendarmerie.

A noter au pied de l'Obélisque un petit "Podium" d'où on faisait la "Régulation" quand ça "bouchonnais".

Par la suite la Gendarmerie a fait l'acquisition des bâtiments situés à droite de la roulotte.

Affecté à une des 3 BRGM de MELUN j'ai durant 10 ans oeuvré avec la BMO de Fontainebleau sur ce carrefour dont les horaires de présence étaient de 07H00/12H00- 12H00/17H00 - 17H00/22H et le week-end 22H00/07H00 toute l'année."""""

 

 

1964, carrefour de l'obélisque, Fontainebleau 77